lundi 19 mars 2012

Game over !

C'est maintenant clair:  c'est plus safe de grimper quand tout est gelé.  Jusque là j'avais toujours fonctionné selon certaines règles:  je ne grimpe pas quand il pleut, je ne grimpe pas si ça ne gèle pas durant la nuit et je ne grimpe pas si la température est au-dessus de 0c.  Mais parfois c'est bon d'aller valider la raison d'être de certaines règles.  Ce fut le cas de cette dernière sortie dans Charlevoix le 8-9-10 mars dernier.

Il a plu à fond toute la nuit, il fait +8 celsius et il pleut encore..  Le Gros Bras ruisselle de partout.  Des cascades d'eau s'écoulent dans notre ligne, c'est la catastrophe!  Qu'importe, on va aller voir..  Parti en tête dans la première longueur de L'Entrechat,  la situation dégénère.  Le soleil sort quelques instants et réchauffe la glace et la neige accumulé sur les vires au-dessus de nous.  Le débit d'eau augmente et des blocs de glace tombent de partout. J'essai de me faire petit..  Je suis trempé jusqu'à l'os même en étant full hardshell.  Le turf aussi est dégelé rendant les pierres instables dans cette longueur réputée pour y avoir du rocher de piètre qualité en été.  Ce qui reste de glace à portée des piolets est devenu de la slush et est inutilisable.  C'est ridicule tout ça.  Les dangers objectifs sont devenus ingérables et je m'y expose inutilement.  Après 20 m je back et on retourne au char.  On reste optimiste ça va geler cette nuit et être ok demain.  De plus, esthétiquement la ligne choisie nous inspire à réessayer.

  Un arc-en-ciel en plein hiver!  Vue du stationnement à notre arrivée.

Au stationnement le lendemain matin sous un ciel dégagé, on ne peut que se réjouir de ce revers des températures qui s'est produit durant la nuit et qui a fait plonger le mercure sous zéro.  Combinés au vent du nord, les conditions se rapprochent beaucoup plus de ce qu'on connaît des hivers québécois. Avec toute la pluie d'hier et le froid de la nuit, la face est parcourue de nombreux filets de glace un peu partout et c'est avec entrain qu'on décide de tenter notre chance à nouveau dans la même voie.  Arrivés au pied de la face cependant, les chauds rayons du soleil de mars ont tôt fait de réchauffer la paroi.  Tous les nouveaux filets de glace se mettent à tomber à tour de rôle si bien qu'on n'ose même pas s'aventurer dans la première longueur vu le risque trop élévé de chute de glace.

Comme plan B on se décale d'une voie sur la gauche dans La Panoramique ce qui, on l'espère en se rapprochant du fil de l'arête sur la gauche, devrait nous mettre à l'abri du pire des chutes de glace. GO!  Une première longueur facile nous amènent sur une conviviale terrace perchée sur un éperon.  Pas facile de voir la suite et le rocher est tellement pourri qu'on fini en artif un passage raide avant de redescendre d'un ancrage existant trouvé à quelques mètre au dessus du relais.  Fuck...

Il est midi.  C'est après le rappel que nous viens l'idée du plan C:  gagner le fil de l'arête en se décalant encore plus à gauche.  Après un peu d'exploration, Yuri trouve une façon de nous amener au départ proprement dit de L'Arête.  GO!  Il faut y aller si on ne veut pas passer la nuit en paroi.  Bien que la grimpe sur l'arête comme telle semble moins technique, on a pas d'idée de la longueur.  Après 4 longueurs en mixte faciles et un peu de simul-climbing on est au top vers 18h00 et ben content mais un peu anxieux à l'idée d'avoir à rappeller à la noirceur en terrain inconnu.  Du coup, il nous est apparu plus simple de rappeller sur la gauche de l'arête pour éventuellement gagner le drainage de Ti-Cul et de là regagner la base, que de rappeller dans la voie.  Les rappels ce sont bien enchaînés et vers 21h00 on rentrait au parking.  C'était pas la voie du siècle mais c'était quand même beau et c'était le fun d'avoir une perspective différente de ce côté de la montagne.

    En vert: Plan A, L'Entrechat
En mauve: Plan B, La Panoramique
En rouge: Plan C, L'Arête

 En artif dans L2 de La Panoramique


 Yuri dans L2 de L'Arête

 Dans L3 de L'Arête

Yuri dans L4 de L'Arête


Le lendemain, on avait qu'une demie journée avant de devoir rentrer alors on s'est rabattus dans Ti-Cul vu que Yuri ne l'avait jamais fait.  La voie était encore en excellente condition et avec le soleil du matin c'était une belle façon de terminer la saison.

Yuri dans les derniers mètres de Ti-Cul qui résiste bien au redoux.